Contexte : Le niveau de documentation du risque de transmission VIH lors de rapports sexuels sans préservatifs au sein de couples homosexuels sérodifférents dont le partenaire VIH positif est sous traitement antirétroviral suppressif est limité, comparativement aux données disponibles pour le risque de transmission chez les couples hétérosexuels. Le but de cette seconde phase de l’étude PARTNER (PARTNER 2) était de fournir une estimation précise du risque de transmission chez les partenaires homosexuels sérodifférents.

Méthode : L’étude PARTNER était une étude observationnelle prospective réalisée dans 75 centres dans 14 pays européens. La première phase de l’étude (PARTNER 1 ; 15 septembre 2010 au 31 mai 2014) a recruté et suivi des couples sérodifférents, à la fois hétérosexuels et homosexuels (dont le partenaire séropositif était sous traitement antirétroviral suppressif) qui avait des rapports sexuels sans préservatifs. L’extension de l’étude (PARTNER 2, jusqu’au 30 avril 2018) a recruté et suivi seulement des couples homosexuels. A chaque visite de l’étude, des données été colligées sur le comportement sexuel, un dépistage VIH était réalisé chez le partenaire VIH négatif et une charge virale VIH plasmatique chez le partenaire VIH positif. Dans le cas où une séroconversion survenait chez le partenaire VIH négatif, une analyse phylogénétique anonymisée était réalisée pour comparer les séquences pol et env du VIH-1 chez les 2 partenaires afin d’identifier les transmissions liées. Etaient éligibles pour l’analyse du couple-années de suivi, les périodes avec rapports sexuels sans préservatifs, avec absence d’utilisation de PrEP ou de PEP chez le partenaire VIH négatif et avec suppression virologique (ARN VIH plasmatique < 200copies/ml) à la visite la plus récente (au cours de l’année écoulée). Le taux d’incidence de transmission du VIH a été calculé comme étant le nombre d’infections VIH phylogénétiquement liées survenu au cours des périodes de couple-années de suivi éligibles divisées par le nombre de couple-années de suivi éligible. L’intervalle de confiance 95 % bilatérale pour ce taux d’incidence de transmission a été calculé par méthode exacte de Poisson.

Résultats : Entre le 15 septembre 2010 et le 31 juillet 2017, 972 couples homosexuels ont été inclus dont 782 ont fourni un suivi de 1 583 couple-années soit un suivi médian de 2,0 années (IQR : 1,1- 3,5). A l’inclusion, l’âge médian pour les partenaires séropositifs étaient de 40 ans (IQR : 33-46) et les couples rapportaient des rapports sexuels sans préservatifs depuis une médiane de 1 an (IQR : 0,4- 2,9). Au cours des couples-années de suivi éligibles, les couples ont rapporté un total de 76 088 rapports anaux sans préservatifs. Parmi les 777 hommes négatifs pour le VIH, 288 (37 %) ont rapporté des rapports sans préservatifs avec d’autres partenaires. 15 nouvelles infections VIH ont survenu au cours du suivi mais aucune n’était phylogénétiquement liée au sein du couple résultant en un taux de transmission du VIH de 0 (limite supérieure de l’IC 95 % : 0,23 pour 100 couple-années de suivi).

Interprétation : Nos résultats fournissent un niveau identique de l’absence de risque de transmission du VIH en cas de suppression virologique du partenaire VIH positif chez les hommes homosexuels que ce qui a été déjà rapporté chez les couples hétérosexuels. Ceci suggère que le risque de transmission du VIH chez les couples homosexuels lors de rapports sans préservatifs lorsque la charge virale VIH est contrôlée est effectivement égal à 0. Ces résultats renforcent le message « indétectabilité = non transmission » et le bénéfice d’un dépistage et d’un traitement précoce de l’infection VIH.