Le traitement de l'infection par le Virus de l'Immunodéficience Humaine (VIH) implique des antirétroviraux (ARV) qui bloquent la réplication du virus permettant une augmentation de l'espérance de vie des patients qui devient pratiquement équivalente à celle de la population générale. Malgré l'augmentation de l'espérance de vie, les ARV présentent des effets indésirables comme par exemple la lipodystrophie, qui, au-delà de l'altération esthétique qui peut compromettre l'estime de soi) est associée à un risque cardiovasculaire majoré.
La lipodystrophie est définie par la combinaison d'une diminution de la graisse périphérique (lipoatrophie) et l'accumulation de graisse centrale (Lipo-hypertrophie). C'est en 1998 que le syndrome à été initialement caractérisé, et intègre également des perturbations métaboliques. La prévalence de ce syndrome varie de 10 à 80 %. Cet écart aussi important est dû aux facteurs géographiques, à l'âge, la génétique comme aux différentes méthodes utilisées pour en faire le diagnostic pour lesquelles il n'y a pas de consensus.
L'objectif de cet article est d'identifier la fréquence du syndrome lipodystrophique et de ses facteurs associés chez des patients infectés par le VIH sous traitement ARV.
Une étude transversale a donc été conduite chez des patients infectés par le VIH, monitorée chez des patients suivis en consultation entre mars et juillet 2017. Etaient inclus des patients de plus de 20 ans (homme ou femme) traités par ARV depuis au moins 6 mois et capables de remplir un questionnaire.
Le diagnostic de syndrome lipodystrophique associé au VIH était déterminé par 2 paramètres :

• Perte de graisse périphérique, évaluée à l'aide de l'échelle d'évaluation de la sévérité de la lipodystrophie
• Accumulation de graisse centrale, mesurée par le ratio hanche sur taille

Les patients répondant à ces deux critères étaient donc identifiés comme ayant une lipodystrophie.
C'est ensuite une régression de Poisson qui a été effectuée pour identifier les variables associées.
Sur les 104 patients évalués, 27,9 % présentaient ce syndrome.
Après ajustement, étaient positivement associés au syndrome :

• Le sexe féminin (Ratio de Prévalence ajusté = 2,16 IC_95% 1,43-3,39)
• Le surpoids (RP ajusté = 2,23 IC_95% 1,35-2,65)
• Durée d'utilisation des ARV (RP ajusté = 1,64 IC_95% 1,16-2,78)

Inversement, une association négative était observée avec

• Nombre de CD4 ≤ 350/mm³ (RP ajusté = 0,39 IC_95% 0,10-0,97)

La prévalence élevée de ce syndrome et son association à des groupes spécifiques renforcent le besoin d'un suivi adapté et d'une identification précoce pour intervenir sur les facteurs modifiables.