Le dépistage du cancer du poumon par scanner thoracique est bénéfique chez les fumeurs âgés de 55 à 74 ans. Cette étude a évalué les bénéfices, risques et faisabilité d'un diagnostic précoce du cancer du poumon par scanner thoracique chez les patients infectés par le VIH fumeurs.

Une étude multicentrique a été conduite en France, entre Février 2001 et Juin 2012, avec réalisation d‘un scanner thoracique unique chez des patients VIH+ de plus de 40 ans, avec un tabagisme > 20 paquet-années et un nadir de lymphocytes CD4 < 350/µl. Un scanner thoracique a été réalisé avec algorithme décisionnel standardisé pour les images positives. Le critère de jugement principal était le nombre de cancers du poumon prouvés histologiquement après un suivi de 2 ans.

Parmi les 442 patients inclus, l'âge médian était de 49,8 ans, 81,6% ayant moins de 55 ans, 84% étaient des hommes, le tabagisme médian était de 30 paquet-années et 35% avait un antécédent de consommation de cannabis. Les valeurs médianes de nadir et actuelles de CD4 étaient de 168 et 574/µl, respectivement, 98% des patients étaient sous ARV, pour une durée médiane de 13,8 ans, et 90% avaient un ARN VIH plasmatique < 50 c/ml.
Une image positive au scanner initial (nodule significatif, adénopathie ou image endobronchique) était retrouvée chez 94 (21%) patients et 15 (3,4%) des patients ont eu 18 procédures invasives sans événements idnésirables graves.
Le suivi médain après le 1 er scanner était de 24,4 mois (ISR : 22,8 à 26,4 mois). Après les 442 scanners initiaux, 54 patients (2%) ont eu un second, 22 (5%) un 3 ème , 16 (4%) un 4 ème et/ou 5 ème et 2 (0,5%) un 6 ème scanner selon le protocole établi pour surveiller les images positives.
Au total, 10 cancers du poumon ont été diagnostiqués, dont 9 (2,03%, IC 95%: 0,9–3,8) étaient visualisés sous forme de nodules sur le scanner initial. Parmi ces 9 patients, 8 avaient une confirmation histologique de cancer (7 adénocarcinomes et 1 cancer à petites cellules) et 1 femme avait un diagnostic très probable suspecté sur un nodule de 10 mm ; 8/10 patients avaient moins de 55 ans. Le nombre de patients nécessaires pour détecter 1 cancer du poumon, avec l'algorithme utilisé, était de 49 (IC 95% : 26-111).

En conclusion, le diagnostic précoce du cancer du poumon par un scanner thoracique chez les patients infectés par le VIH fumeurs est réalisable, sans danger, et permet de dépister un nombre significatif de cancers. Le dépistage du cancer du poumon chez les patients VIH+ fumeurs avec un antécédent de déficit immunitaire permet la mise en évidence d'un nombre non négligeable de cancers à un âge plus jeune que dans la population générale cible habituelle du dépistage.