Les migrants représentent un groupe significatif dans le cadre de l’infection par le Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH) en Europe, y compris aux Pays-Bas. On estime à 22 900 le nombre de personnes vivant avec le VIH aux Pays Bas en 2017 dont 89 % sont diagnostiqués et dans un circuit de soins, 92 % d’entre eux étant sous traitement antirétroviral (ART) et 95 % avec une charge virale plasmatique du VIH contrôlée. Sur l’ensemble des patients vivant avec le VIH aux Pays-Bas, 43 % sont nés hors du pays et les données montrent que les migrant sont moins bien intégrés dans la cascade de soins et entre dans le circuit de santé à des stades de la maladie plus avancés que les patients originaires des Pays-Bas.

L’objectif de cette étude est donc d’évaluer les disparités dans l’accès et l’utilisation des services de santé liés au VIH entre les populations migrantes et non migrantes ayant un diagnostic récent d’infection par le VIH et vivant aux Pays Bas.

Pour ce faire, entre juillet 2013 et juin 2015, un questionnaire et un recueil de données ont été utilisés pour les migrants et non migrants participant à l’étude transversale aMASE (Advancing Migrant Access to health Services in Europe) aux Pays-Bas.

Au total, 77 migrants hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) ont été inclus, 115 non migrants HSH, 21 hommes migrants hétérosexuels, 14 hommes non migrants hétérosexuels et 20 femmes migrantes.

En analyse univariée, tous les groupes hétérosexuels étaient moins susceptibles d’avoir eu un test avant leur diagnostic et étaient plus susceptibles d’avoir un diagnostic tardif comparativement aux non-migrants HSH. Tous les groupes de migrants étaient plus susceptibles d’avoir rencontré des difficultés pour accéder au service de santé général aux Pays-Bas et moins susceptibles d’avoir entendu parler de la prophylaxie post-exposition que les non migrants HSH. Les migrants signalent fréquemment des doutes quant à leurs droits aux soins de santé et aux barrières linguistiques. La majorité des participants (93 %) sont allés dans un centre de santé dans les deux ans avant le diagnostic d’infection par le VIH mais un test du VIH n’était évoqué au cours de la visite que dans 41 % des cas (sans différence significative entre les groupes)

Les migrants hétérosexuels étaient plus susceptibles d’avoir manqué un rendez-vous dans le service de suivi du VIH à cause des coûts de transport que les non-migrants HSH.

Les migrants HSH et les femmes étaient plus susceptibles de subir une discrimination liée au VIH aux Pays-Bas que le non migrants HSH

En conclusion, des disparités d’accès et d’utilisation des services de santé liés au VIH existaient selon le statut migratoire mais également selon l’orientation sexuelle. Ces données suggèrent que les hommes hétérosexuels et les femmes pourraient bénéficier d’une amélioration de l’accès au test du VIH, alors que les migrants HSH pourraient bénéficier d’une amélioration de l’accès aux interventions de prévention du VIH.