Le traitement de l’infection par le Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH) est souvent compliqué par l’augmentation de l’incidence des insuffisances rénales aiguës (IRA) et/ou des maladies rénales chroniques (MRC). La toxicité des médicaments elle-même est une cause majeure d’IRA dans cette population de patients. De plus, compte tenu de la prévalence importante des dysfonctions rénales chez les patients infectés par le VIH, la posologie et la prescription de médicaments doit être soigneusement évaluée. Ce point est d’autant plus important que les personnes vivant avec le VIH (PvVIH) ont de 2 à 20 fois plus de risque de maladie rénale terminale que la population générale. La prévalence rapportée de MRC associée au VIH va de 4,7 à 38 % globalement (différence liée aux définitions utilisées pour déterminer la MRC, l’accès aux soins et le profil génétique à risque).

Si le traitement antirétroviral est de plus en plus répandu et permet une amélioration de la suppression virale, il entraîne néanmoins une augmentation de l’exposition aux médicaments et des interactions médicamenteuses.
La polymédication est une complication classique compte tenu du fait que les patients vivent plus longtemps sous traitement antirétroviral, ce qui majore le risque de toxicités médicamenteuses.
La polymédication n’est pas uniquement liée à l’exposition aux antirétroviraux (ARV) et aux traitements des éventuels infections opportunistes, elle est également liée au traitement de maladie chronique consécutive au style de vie.
L’IRA est donc fréquente chez les PvVIH et résulte couramment de sepsis, déshydratation et toxicités médicamenteuses. Par ailleurs, le VIH lui-même majore le risque de MRC. La thérapeutique est donc souvent compliquée chez les PvVIH à cause d’une plus grande incidence d’IRA et/ou de MRC.
L’altération de la fonction rénale affecte les interactions médicamenteuses, la toxicité et, de manière importante, la posologie, nécessitant des ajustements de dose.

Cette revue fait le point sur les ARV et leur néphrotoxicité, y compris les interactions médicamenteuses.
Sont passées en revue les différentes classes thérapeutiques (analogues nucléosidiques et non nucléosidiques, inhibiteurs de protéase et de l’intégrase, inhibiteurs d’entrée) mais également les combinaisons fixes en comprimés uniques (STR).
Au-delà des ARV, un tour d’horizon des principales co-médications est proposé concernant les comorbidités cardiovasculaires, infectieuses, opportunistes…

L’objectif est de proposer un guide aux cliniciens quant aux ajustements thérapeutiques dans des situations d’atteintes rénales et de dialyse pour les médicaments couramment utilisés chez les PvVIH.