La diminution mondiale de la transmission mère-enfant du Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH) fait partie des plus beaux succès de traitement des femmes infectées par le VIH. Le counseling prénatal et le dépistage ainsi que la disponibilité de différents traitements antirétroviraux avec l’utilisation de formulations pédiatriques ont réduit la transmission à moins de 2 % aux Etats-Unis et en Europe.

Ceci a été rendu possible grâce à l’identification précoce des femmes infectées par le VIH et leur mise à disposition des antirétroviraux. Néanmoins, les femmes enceintes peuvent avoir une sensibilité accrue à l’acquisition du VIH et présentent un taux plus élevé de séroconversion.

Les auteurs présentent dans cet article deux cas de séroconversion au cours de la grossesse, identifiés pendant le travail et la délivrance, de femmes ayant eu un counseling de réduction des risques et une série de test de dépistage au cours de la grossesse. L’une des deux femmes était auparavant suivi dans un autre centre et a été prise en charge lors du post-partum.

Compte tenu de l’absence de recommandation (ou d’accès facilité) sur l’utilisation de la Prophylaxie Pre Exposition (PrEP) pendant la grossesse, d’autres stratégies de prévention étaient proposées : counseling, utilisation de préservatif et dépistage régulier du VIH.

Les deux enfants étaient négatifs et les femmes sont actuellement sous traitement au long cours par antirétroviraux. L’une des deux femmes à récemment accouché d’un autre enfant.

La littérature a montré que le traitement utilisé pour la PrEP (tenofovir et emtricitabine) est sûr et couramment utilisé pendant la grossesse chez des femmes infectées par le VIH.

Après ces deux cas de séroconversion, les auteurs ont décidé de proposer la PrEP à toutes les femmes enceintes qui se présentaient dans le centre pour une prise en charge et qui déclaraient avoir des rapports avec un partenaire infecté par le VIH.

Entre 2012 et 2014, 10 femmes, non infectées, mais ayant des partenaires masculins séropositifs VIH ont été traitées. Depuis 2015, les auteurs ont vu 20 femmes enceintes dans le même cas. Parmi celles-ci, 7 ont reçu un traitement par PrEP et aucune séroconversion n’a été observée chez ces femmes sous PrEP. Malgré le faible nombre de patientes, des séroconversions en cours de grossesse n’ont été observées que chez 2 femmes parmi les 13 (15 %) ayant un partenaire infecté par le VIH et suivies dans le centre (femmes sous PrEP exclues).

Les conclusions des auteurs étaient que les données de tolérance et l’expérience avec le tenofovir et l’emtricitabine chez les femmes enceintes infectées par le VIH, montraient que la PrEP devrait être proposée en cas de grossesse et que les recommandations internationales pourraient offrir cette option en stratégie complémentaire afin de réduire les risques pendant la grossesse et de transmission à l’enfant.