Les troubles neurocognitifs associés à l’infection par le Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH) (HAND) sont corrélés à une faible adhésion au traitement antirétroviral (ARV), aux difficultés d’effectuer des activités de la vie quotidienne, à une diminution de la qualité de vie et à une mortalité plus importante chez les personnes vivant avec le VIH (PVVIH)

Les données de prévalence sur les altérations neurocognitives sont discordantes chez les PVVIH. La plupart des études a été effectuée dans des populations hétérogènes, avec différents niveaux de contrôle de l’infection ou avec des comorbidités pouvant augmenter la prévalence des troubles neurocognitifs.

Dans les pays développés avec un accès facile aux ARV, la plupart des PVVIH ayant une bonne adhésion au traitement maintiennent un contrôle de la charge virale plasmatique et un nombre élevé de CD4.

Dans cette étude, les auteurs ont étudié la prévalence des altérations neurocognitives et les facteurs qui y sont associés chez des patients sous ARV en succès thérapeutique et sans co-morbidité. Il s’agit d’une étude observationnelle transversale chez des patients de plus de 18 ans infectés par le VIH sous traitement ARV stable et charge virale contrôlée au seuil de 50 copies/ml.

Les patients avec des comorbidités médicale ou psychiatriques et utilisateurs de drogues étaient exclus de l’étude.

Les altérations neurocognitives étaient diagnostiquées avec la classification de Frascati (troubles cognitifs asymptomatiques, légers ou démence associés au VIH) qui examine 7 domaines neurocognitifs. L’association entre altérations neurocognitives et variables cliniques liées au VIH, épaisseur de l’intima media, translocation bactérienne et bio-marqueurs plasmatiques de l’inflammation (CD14 soluble, interleukine-6 (IL-6) et Tumor Necrosis Factor-α) était ensuite analysée.

Quatre-vingt-quatre patients ont été inclus dans l’étude avec une prévalence observée de 29,8% (IC_95% : 21,0-40,2) répartis selon la classification de Frascati en :

• Troubles cognitifs asymptomatique (Asymptomatic Neurocognitive Impairment) : 19 % ;
• Troubles cognitifs légers (Mild Neurocognitive Disorder : MND) : 8,3% ;
• Démence associée au VIH (HIV Associated Dementia : HAD) : 2,4 %.

Le domaine neurocognitif le plus fréquemment impacté était le rappel de mémoire différé avec 27,4 % (IC_95% 17,2–37,5) des patients (n=23).

Les patients diagnostiqués depuis au moins 10 ans (OR 6,5, IC_95% : 1,6-21,7) et ceux ayant un niveau d’IL6 supérieur à 1,8 pg/ml (OR : 6,0, IC_95% : 1,1-31,3) présentaient le plus de risque d’altérations neurocognitives dans des analyses ajustées.

Les patients avec des plaques carotidiennes avaient des scores inférieurs pour le rappel de mémoire différée -0,9 ± 1,1 vs -0,2 ± 1,1 (p = 0,04)

La prévalence des altérations neurocognitives était élevée dans d’autres populations de patients avec une infection par le VIH. Dans cette population, une durée supérieure à 10 ans après le diagnostic d’infection par le VIH et des niveaux d’IL6 élevés étaient associés à des altérations neurocognitives.