Contexte : Une stratégie de dépistage et de traitement universels est une approche théorique qui permettrait de réduire l’incidence de l’infection à VIH. Cependant, les résultats des études cliniques antérieurs ont donné des résultats discordants.

Méthodes : L’étude HPTN 071 (PopART) est un essai communautaire randomisé conduit entre 2013 et 2018 dans 21 quartiers de Zambie et d’Afrique du Sud (totalisant une population d’environ 1 million de personnes) . Les participants ont été randomisés entre 3 intervention : Groupe A (combinant une intervention de prévention avec un traitement antirétroviral universel), Groupe B (intervention de prévention et traitement antirétroviral uniquement selon les recommandations locales, qui ont été le traitement universel depuis 2016) ou Groupe C (prise en charge standard). L’intervention de prévention incluait la réalisation d’un test VIH à domicile, test réalisé par les travailleurs sociaux qui ont aussi assuré le lien avec la prise en charge du VIH et l’observance au traitement antirétroviral. Le critère de jugement principal était l’incidence de l’infection VIH entre le 12e et le 36e mois. Elle a été mesurée sur un échantillon d’environ 2 000 adultes, âgés de 18 à 44 ans randomisés au hasard, dans chacun des quartiers. Le taux de suppression virologique (ARN VIH < 400 copies/ml) a été évalué chez tous les participants VIH positif à 24 mois.

Résultats : La population d’analyse a inclus 48 301 personnes. La prévalence du VIH au début de l’étude était de 21 ou 22 % dans chacun des groupes. Entre le 12e et le 36e mois, un total de 553 nouvelles infections VIH a été observé après 39 702 personne-années de suivi (1,4 pour 100 personne-années, femmes : 1,7 ; hommes : 0,8). Le risque relatif ajusté de nouvelle infection VIH pour le Groupe A comparé au Groupe C était de 0,93 (IC 95 %, 0,74 à 1,18 ; p=0,51) et pour le Groupe B comparativement au Groupe C de 0,70 (IC 95 %, 0,55 à 0,88 ; p=0,006). Le pourcentage de participants VIH positif avec suppression virologique à 24 mois était de 71,9 % dans le Groupe A, 67,5 % dans le Groupe B et 60,2 % dans le Groupe C. La proportion estimée d’adultes VIH+ qui étaient sous traitement antirétroviral à 36 mois était de 81 % dans le Groupe A et 80 % dans le Groupe B.

Conclusion : Une intervention combinant prévention et traitement antirétroviral selon les recommandations locales a permis d’obtenir une réduction de 30 % de l’incidence de l’infection VIH par rapport à une prise en charge standard. L’absence d’effet bénéfique supplémentaire du traitement antirétroviral universel était inattendue, discordant avec les données sur la suppression virologique. Dans cette étude, le dépistage et traitement universels ont réduit l’incidence de l’infection à VIH au niveau de l’ensemble de la population.